Pour la première fois en France, 31 associations agissant sur les territoires ruraux ont décidé de s'unir pour défendre les intérêts de la ruralité auprès des candidats à l'élection présidentielle et dans le cadre des futures élections législatives. Ces "Voix de la ruralité" ont présenté le 13 mars 2017 leur manifeste qu'elles ont préparé et qu'elles présenteront aux candidats.
Au cœur de cette démarche, un constat partagé par tous : les territoires ruraux sont le plus souvent sous-estimés sur le plan quantitatif, mais aussi qualitatif. Ils représentent pourtant 80% du territoire national, 60% de la population, 55% des emplois, et, donnée non négligeable en ces temps d'élections, 23 millions d'électeurs. "L'Insee a reconnu qu'elle sous-estimait le poids des territoires ruraux, a ainsi signalé Patrice Joly, président de l'Association nationale des nouvelles ruralités (ANNR). Nous avons le plus bel espace rural en Europe à travers sa diversité mais aussi ses ressources naturelles et humaines" (sur le sujet voir ci-dessous notre article du 10 mars 2017 : Quelle ruralité pour le travail aujourd'hui ?). "La ruralité, ce n'est pas que les vacances, mais des gens qui vivent, qui innovent, qui travaillent en réseau", a pour sa part insisté Thibault Guignard, président du programme Leader France, tandis que Vanik Berberian, président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF), a estimé qu'il fallait "revisiter la notion de ruralité" et trouver peut-être une nouvelle définition correspondant davantage à la réalité d'aujourd'hui.
Une agence nationale de revitalisation rurale à l'image de l'Anru
Les associations ont toutes relevé que la ruralité était très peu présente dans les débats autour de l'élection présidentielle. Pour être sûre de ne pas louper le coche avec le futur président de la République, elles avancent donc groupées avec plusieurs propositions. Les Voix de la ruralité demandent ainsi une loi d'orientation et de programmation pour la ruralité, à l'instar de ce qui existe pour la politique de la ville. Cette loi permettrait d'afficher une programmation financière stable sur dix ans. Autre proposition : la mise en place d'une agence nationale de revitalisation rurale, à l'image de l'Agence nationale de rénovation urbaine (Anru), avec un volet correspondant à un centre de ressources en matière d'ingénierie, et un volet correspondant aux moyens financiers pour aider à la régénération de ces territoires. "Il faudrait au minimum un milliard par an", assure à Localtis Patrice Joly.
Un agenda rural européen
Les Voix de la ruralité parlent aussi de la mise en place d'un agenda rural européen en faveur d'une politique d'investissement et de développement perceptible par les habitants et les entrepreneurs (là encore sur le modèle de l'agenda urbain européen). "Les territoires ruraux veulent une reconnaissance, pas des soins palliatifs, avec un programme et des moyens financiers. S'il n'y a pas de moyens, on va avoir des difficultés, avec des réflexes de repli sur soi et de populisme", a mis en garde Gérard Peltre, président de Ruralité environnement développement (RED) et du Mouvement européen de la ruralité. Les associations avancent plusieurs mesures à mettre en place comme le soutien au développement des incubateurs et tiers-lieux, la préservation du patrimoine bâti, le soutien à l'entrepreneuriat, à l'économie sociale et solidaire, le développement de la technologie numérique dans l'éducation...
Reste à savoir si cette démarche collective, qui est amenée à perdurer, permettra aux territoires ruraux de mieux se faire entendre. "Si on ne nous entend pas, il faudra le dire avec une tonalité plus forte", a prévenu Vanik Berberian.
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