Cet t, la rgion Nord-Pas-de-Calais a propos le voyage la mer pour un euro

August 2024 · 8 minute read

Archaïque, le TER ? Pas du tout, martèle-t-on à la SNCF. D'un point de vue technologique, il est certes devenu le parent pauvre de son frère cadet le TGV. Mais qui, mieux que lui, peut encore symboliser les fondements mêmes du transport public ? L'opération TER-Mer, financée par le conseil régional du Nord-Pas-de-Calais a, pour la troisième année consécutive, contribué à redorer le blason du transport ferroviaire régional. Cet été, tous les possesseurs d'une carte Grand'TER ont pu se rendre vers les principales plages de la région pour la somme modique d'un euro. Le billet aller-retour, valable pour une journée, était proposé à ces mêmes conditions tarifaires aux personnes accompagnant le détenteur de la carte, à hauteur de quatre. Fixé tout au long de l'année à sept euros, le prix de l'abonnement annuel TER était proposé en juillet et août à cinq euros seulement. L'enjeu d'une pareille offre promotionnelle est double : faire découvrir le littoral de la région au plus grand nombre, et, pour la SNCF, favoriser la fidélisation d'une clientèle sur le réseau régional. L'édition 2004 a prouvé l'efficacité d'une telle formule. Selon l'étude commandée par le conseil régional l'an passé, 77% des titulaires de la carte Grand'TER l'avaient acquise à l'occasion de l'opération. Et 35% des usagers n'avaient jamais pris le train au courant de l'année précédente.

Six gares, quinze plages

Les trains TER-Mer ont transporté cet été près de 50.000 personnes. Au départ des principales villes de la région, ils ont desservi six gares du littoral : Dunkerque, Calais, Wimille-Wimereux, Boulogne-Ville, Etaples - Le-Touquet et Rang-du-Fliers. Les quinze plages accessibles étaient reliées aux gares d'arrivée par des navettes gratuites mises à la disposition des usagers.
Au conseil régional, les responsables du transport se félicitent du succès de cette troisième édition. En 2003, l'initiative étalée sur deux week-ends seulement avait attiré 26.000 personnes. Un an plus tard, les trois week-ends proposés ont drainé près de 62.000 voyageurs. L'offre aurait dû, cette année, couvrir quatre week-ends, mais les attentats de Londres et la mise en place du plan Vigipirate ont contraint les autorités régionales à annuler la première vague de départ, prévue les 9 et 10 juillet. Un contretemps qui n'a pas terni la réussite de l'opération, mieux rôdée que les années précédentes. Tout d'abord grâce à la rectification des erreurs commises en 2004. Lors de la dernière édition de TER-Mer, certains trains avaient connu des taux de remplissage inattendus dans les gares de départ, et empêché les voyageurs embarquant dans les gares intermédiaires de monter. Plus question donc pour les responsables régionaux de voir l'opération victime de son succès.

Maîtriser le succès

D'où quelques innovations. L'émission d'un nombre de billets limité, cette fois, au nombre de places assises dans les trains. Un plus grand confort, couplé à des améliorations en termes d'organisation. Dans les gares, l'accueil a été renforcé. A l'arrivée, par exemple, des agents de la SNCF étaient chargés d'orienter les voyageurs vers les bus gratuits. En outre, les billets portaient des couleurs différentes afin de faciliter l'identification des jours de circulation. L'offre aussi s'est considérablement accrue. Vingt trains supplémentaires étaient proposés chaque samedi et dimanche en addition des TER et TER-GV circulant habituellement, contre quatorze et douze respectivement en 2004.
D'autres dispositions ont encore contribué au succès de l'opération 2005. La plus importante sans doute a été la mise en circulation de trains directs ou semi-directs permettant d'optimiser le montées et descentes de voyageurs. Les usagers des gares intermédiaires n'ont pas pâti de ces réorganisations puisque le conseil régional avait prévu, à leur intention, des trains omnibus venus compléter le dispositif. Enfin, l'édition 2005 s'est enrichie de propositions annexes. Cette année l'opération a dépassé le stade de la simple promotion TER en proposant notamment aux usagers des animations ludiques et pédagogiques sur le thème de l'environnement, des informations touristiques ou encore l'accès privilégié aux musées et aux manifestations culturelles dans la région.

Kattalin Landaburu / Victoires-Editions pour Localtis

"La naissance d'initiatives similaires en Picardie ou en Haute-Normandie rend compte de l'impact positif de l'opération"

Dominique Plancke est président de la commission Transports et Infrastructures au conseil régional du Nord-Pas-de-Calais.

Estimez-vous que cette troisième édition TER-Mer a, cette année encore, été un succès ?

Du strict point de vue de la fréquentation, les résultats sont moins bons que l'an passé. Deux facteurs, extérieurs à l'organisation même de l'opération, permettent d'expliquer ce bilan. Tout d'abord, l'annulation du premier week-end à cause des attentats terroristes. Ensuite, le climat qui était, au moins d'août, bien moins clément que l'an passé. Mais malgré tout, et j'ai moi-même pu le constater en participant à deux des week-ends, l'initiative compte déjà son lot de fidèles. Pour certains, elle est en effet la seule occasion de l'été de partir en vacances. Pour d'autres, comme les restaurateurs du littoral, TER-Mer amène de nouveaux clients. Enfin, la naissance d'initiatives similaires en Picardie ou en Haute-Normandie rend bien compte de l'impact positif de l'opération.

Vous avez, cette année, enrichi l'offre d'activités annexes. Pourquoi ? Quel bilan en tirez-vous ?

Nous avions déjà commencé en 2004, mais l'expérience a été étendue cette année. Dans le cadre de notre politique sur le développement durable, nous avons profité de TER-Mer pour distribuer des livrets liés à la découverte de la mer. Des animations sur le même thème étaient organisées chaque week-end. A cause du mauvais temps, beaucoup d'usagers ont profité de l'opération pour visiter l'aquarium de Malo, le beffroi de Dunkerque ou encore le musée portuaire. Notre objectif était aussi d'assurer la complémentarité des politiques régionales. C'est grâce à des réunions de préparation entre les différents services (environnement, culture, etc.), mais aussi entre le conseil régional, d'une part, et les transporteurs et les offices du tourisme, d'autre part, que nous avons pu mener à bien l'opération.

Cette opération s'inscrit-elle dans une politique globale des transports menée par le conseil régional ?

Oui, bien sûr. Sur l'offre loisir, TER-Mer est en quelque sorte l'extension des actions menées pendant l'année auprès des salariés par exemple, avec le tarif abonnement travail. Grâce à cette tarification spéciale, l'employé paie plus en utilisant son véhicule qu'en empruntant le train. Même chose pour la carte Grand'TER qui a pour objectif de faire découvrir la région tout en incitant à l'abandon de la voiture particulière. Ensuite, et c'est un autre aspect important de notre politique régionale, ce type d'initiative favorise une plus grande démocratisation d'accès aux modes de transport public. Certains témoignages sont frappants : sans TER-Mer, un grand nombre de participants à l'opération n'auraient jamais pu quitter leur domicile pendant la période des vacances !

Le conseil régional du Nord-Pas-de-Calais veut "booster" l'offre TER

Avant même la régionalisation du transport ferroviaire en 2002, le conseil régional avait entrepris une vaste politique visant à rapprocher les territoires et à faciliter les déplacements de tous. Au programme : amélioration du matériel, de l'offre et des tarifications proposées aux usagers.

Le conseil régional n'a pas attendu 2002 pour investir financièrement et techniquement - aux côtés de la SNCF - dans le développement du TER. Poursuivie depuis 1978, cette politique a pris un tour nouveau dès 1997 alors que la région participe, avec d'autres territoires pilotes, à une expérimentation dans le cadre de la régionalisation. 70 gares TER, soit un tiers des 210 arrêts comptabilisés dans le Nord-Pas-de-Calais, sont rénovées. Il en va de même pour les deux gares grandes lignes de Lille et de Arras. Le matériel, lui aussi est modernisé. Fin 1998, la région fait l'acquisition de 34 nouveaux TER pour un montant de 150 millions d'euros, ramenant l'âge moyen du matériel ferroviaire à vingt ans. Au cours de cette même période, les services et l'offre, notamment sur les axes les plus fréquentés, connaissent d'importantes améliorations. 40% de trains supplémentaires sont planifiés à l'arrivée et au départ des gares du Valenciennois, du Val-de-Sambre et de l'Avesnois. Les résultats ne se font pas attendre. En deux ans, la fréquentation enregistre un boom de 12,5%.
Mais pour les membres du conseil régional, pas d'optimisation de l'offre sans une plus grande démocratisation d'accès. Si l'opération TER-Mer est un exemple récent de tarification avantageuse, il n'est pas un cas isolé. Depuis neuf ans, la formule Pass Bac compte de nombreux adhérents. Sur présentation d'une convocation à l'examen, les lycéens peuvent accéder à leur centre pour 3 euros seulement l'aller-retour. Les boursiers, quant à eux, peuvent bénéficier de réductions jusqu'à la gratuité et, grâce à la carte "TER 75%", les stagiaires ou demandeurs d'emploi ne paient plus que 25% du tarif normal sur le réseau. Le conseil régional ne compte pas s'arrêter là. Son réseau ferroviaire de 1.300 km, le plus dense après celui d'Ile-de-France, devrait encore se moderniser d'ici à 2010. Rien que pour la modernisation du matériel roulant, 365 millions d'euros ont d'ores et déjà été bloqués.

Aller plus loin sur le web

Le site du conseil régional Nord-Pas-de-Calais.
http://www.cr-npdc.fr
 
Accès direct aux informations sur l'opération TER-Mer, sur le site de la région Nord-Pas-de-Calais.
http://www.cr-npdc.fr/ter/TERMER.htm
 
La cellule économique régionale des transports propose un panorama complet des différents modes de transport dans la région.
http://www.nordpasdecalais.fr/sit/intro.htm

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