La laine des moutons locaux produits pour la viande est, dans le Limousin comme dans d’autres régions françaises, peu valorisée, en raison de la concurrence à l’échelle internationale des fibres synthétiques. Pour diversifier les revenus des producteurs ovins, l’association Lainamac en Creuse a imaginé, dès 2008, en partenariat avec une filature locale et la chambre d’agriculture, d’introduire une race de moutons offrant une viande et une laine de qualité : le mérinos noir.
Elargir le partenariat
Le pays Combraille en Marche (80 communes, 29.000 habitants) a rapidement manifesté son intérêt pour le projet. Il décide de compléter la palette de partenaires initialement mobilisés avec une autre association lainière, d’autres éleveurs, le lycée agricole d’Ahun, le conseil régional et le conseil départemental, et en tant que territoire Leader, il lance en 2010 un appel européen à coopération.
Coopération avec le Portugal : le pays anime et accompagne le projet
Une délégation du territoire de Combraille, accompagnée d’un traducteur, a pu se rendre au Portugal dès 2010. Le pays pilote et prend en charge les actions de coopération menées avec un groupe d’action local (GAL) portugais. "Ces échanges nous ont permis de vérifier la faisabilité du projet, la qualité de la laine et les pratiques d’élevage des ovins afin de déterminer s’ils pourraient s’habituer aux conditions climatiques plus rigoureuses de notre territoire", explique la coordinatrice de l’association Lainamac, Géraldine Cauchy. "Il a fallu innover et investir de nouvelles méthodes de travail pour sélectionner le meilleur de la race mérinos en production laine. Nous avons rédigé un protocole de sélection lainière français/portugais et un cahier des charges de sélection des brebis", commente le chargé de mission du pays Combraille en Marche, Michaël Bouthier.
Communication et premier achat de mérinos en 2012
"Le second séjour en 2012 nous a permis de sélectionner les 40 premiers moutons." Leur acquisition est effectuée par Lainamac, qui lance pour cela un appel aux dons auprès du grand public via l’envoi de bulletins de parrainage (voir le document joint). 400 parrains ont répondu. L’information sur la démarche en cours est relayée par des rencontres organisées par le pays qui présente à cette occasion un film retraçant l’aventure humaine de cette coopération.
Convaincre les éleveurs locaux : le lycée agricole prend le relais
Convaincre les éleveurs limousins d’accueillir ces mérinos n’a cependant pas été simple, tant leurs caractéristiques sont différentes de celles de la race locale. "C’est pourquoi nous avons demandé au lycée agricole d’accueillir ces moutons afin d’observer leur acclimatation, en signant une convention pour trois ans, explique la coordinatrice de Lainamac. Durant ce temps d’observation, nous avons pu rechercher le ou les éleveurs dont le projet agricole serait compatible avec l’accueil des mérinos." Un éleveur de Corrèze s’est ainsi pris de passion pour ce mouton et a remplacé son cheptel de race locale par les mérinos au mois de septembre 2014.
Un bilan économique et sanitaire de l’élevage, effectué à la rentrée 2015, marquera la fin de l’expérimentation. Il sera communiqué auprès des éleveurs afin d’importer 200 autres brebis. "L’accueil des moutons au lycée a été l’occasion de sensibiliser de futurs agriculteurs aux pratiques d’élevage et aux potentialités de la laine", observe le chargé de mission du pays.
"L’un des apports du pays est d’avoir élargi le partenariat initial à d’autres acteurs, confirme la coordinatrice de Lainamac. Cela a permis de sensibiliser un grand nombre d’acteurs locaux aux enjeux de cette expérimentation."
Lucile Vilboux/magazine Village-L’Acteur Rural pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
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