pas de travaux d'exploration avant la remise d'un rapport d'analyses

July 2024 · 4 minute read


La ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a réaffirmé le 3 février, lors d'un déplacement dans le Vercors, que les travaux permettant l'"exploration" de gisements de gaz de schiste ne débuteraient pas avant la remise d'un rapport d'analyses commandé la veille. "Un moratoire est juridiquement impossible", mais la ministre a indiqué avoir demandé aux préfets "de faire en sorte que les autorisations de travaux" nécessaires aux industriels pour "l'exploration" des gisements "ne puissent pas avoir lieu avant le rapport de la mission" qu'elle a diligentée mercredi avec le ministre de l'Industrie, Eric Besson, sur les enjeux environnementaux de l'exploitation de ces gaz. Un rapport d'étape sera rendu "en avril" et le rapport définitif, "en juin", a-t-elle précisé jeudi.
"Est-ce qu'il est raisonnable de mettre en exploitation ces gisements ?", tant d'un point de vue environnemental que paysager, a demandé la ministre. "Compte-tenu de la façon dont ça s'est passé aux Etats-Unis, il y a lieu d'avoir des analyses complémentaires", a-t-elle ajouté.
L'éventuelle exploitation de ces gaz, emprisonnés dans des roches peu perméables, implique "des enjeux environnementaux locaux", relatifs notamment "aux nappes phréatiques" et "aux paysages désolés, que nous ne sommes pas prêts à supporter en France", selon elle.
Même si l'exploration ne signifie pas encore l'exploitation, "j'aurais souhaité (disposer de) ces analyses complémentaires avant la délivrance des permis", en mars 2010 par le ministère de l'Ecologie alors occupé par Jean-Louis Borloo, a reconnu Nathalie Kosciusko-Morizet. "Trois permis d'exploration ont été accordés, mais aucune autorisation de travaux" n'a pour l'heure été délivrée, a rappelé la ministre. Ces permis, "accordés légalement", a-t-elle insisté, ont suscité un vaste mouvement de protestation d'élus, riverains et écologistes dans les départements concernés du sud de la France (Ardèche, Drôme, Hérault, Aveyron et Lozère), inquiets de l'impact environnemental d'une éventuelle exploitation de ces gaz.
Le président de la région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne, a salué le 2 février l'annonce de la mission sur les enjeux environnementaux de l'exploitation des gaz de schiste. "C'est une première décision qui va dans le bon sens et qui a été obtenue grâce à la très forte mobilisation des élus et des citoyens", a-t-il estimé dans un communiqué. Il voit même dans cette annonce le "moratoire" réclamé notamment par son conseil régional. Toutefois, "il faut aller plus loin !", a-t-il lancé, demandant que cette mission ne soit pas "une simple démarche administrative" mais fasse "toute la lumière" sur les risques liés à une éventuelle exploitation de ces gaz. Jean-Jack Queyranne a notamment réclamé "la plus grande concertation avec les élus et les citoyens", déplorant que les arrêtés du 1er mars 2010 qui ont autorisé la recherche de gaz de schiste dans trois zones du sud de la France aient "été signés en catimini".
Par ailleurs, des forages d'huile de schiste - une forme de pétrole piégé dans la roche et dont l'extraction demande des techniques similaires à celles utilisées pour le gaz de schiste - sont prévus dès mars prochain, près de Château-Thierry (Aisne). Comme les autorisations de travaux ont déjà été données, la marge de manoeuvre du gouvernement est plus limitée et devrait passer par la négociation. "Sous l'autorité du Premier ministre, nous allons réunir sans délai les industriels détenteurs de ces autorisations d'exploration", a expliqué mercredi la ministre de l'Ecologie. "Mon objectif est clair : empêcher tout travail tant que les conditions environnementales ne seront pas clarifiées", a-t-elle ajouté.
Les groupes de la majorité de gauche au conseil régional d'Ile-de-France ont d'ores et déjà déposé un voeu qui sera discuté en séance plénière le 10 février demandant à la ministre un moratoire sur l'exploration du pétrole de schiste en Ile-de-France. Ils s'opposent "fermement" à l'exploitation du pétrole de schiste (les schistes bitumineux) qui, tout comme celle des gaz de schiste, "représente une véritable menace climatique et environnementale". La méthode d'extraction, l'envoi à très haute pression de millions de litres d'eau mélangés avec des produits chimiques et du sable dans la roche pour récupérer le pétrole de schiste, "fait peser des risques de pollution durable du sous-sol, de contamination des nappes phréatiques par des composés cancérigènes ou toxiques, et donc un danger non négligeable pour la santé", ajoutent-ils. Ils estiment aussi "irresponsable de se lancer dans l'exploitation de nouveaux gisements de combustibles fossiles, alors que c'est tout notre modèle énergétique qu'il faut transformer". Les élus franciliens demandent à la ministre d'étendre la mission sur les gaz de schiste à l'impact environnemental des schistes bitumineux, de suspendre l'attribution de permis d'exploration, d'abroger tous les permis de recherche en cours de validité, et de décréter d'urgence un moratoire sur les forages d'exploration prévus dans les prochaines semaines en Ile-de-France où trois permis d'exploration ont été accordés. Pour sa part, Guillaume Balas, président du groupe socialiste, a également "dénoncé l'opacité des conditions d'attribution de ces permis d'explorer qui n'ont été discutés ni à l'Assemblée nationale ni au Sénat".

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