Plus de soixante ans après les débuts du jumelage, l'Association française du conseil des communes et régions d'Europe (Afccre) lance un cycle de sept forums interrégionaux de réflexion et de consultation pour donner un second souffle à ces partenariats entre collectivités européennes. La première rencontre aura lieu à Lille ce 30 avril et s'inscrit dans les travaux lancés en septembre dernier par l'Afccre à Tours. Derrière le besoin d'information, l'association présidée par Louis Le Pensec souhaite faire de ces journées un outil de promotion du jumelage, alors que la crainte d'une diminution des financements européens se fait jour. Après Lille, une deuxième journée sera organisée à Nantes le 25 juin prochain, puis dans cinq autres grandes villes françaises. Le tour de France se terminera en novembre prochain à Fontainebleau, par une grande réunion de restitution.
Elus locaux, militants associatifs, porteurs de projets et représentants des institutions européennes sont attendus pour débattre des opportunités offertes par le programme 2007-2013 "L'Europe pour les citoyens", dans son volet "Jumelage de villes" (action 1.1 du programme). Les retours collectés seront adressés par l'Afccre à la Commission européenne et au Parlement européen, alors que le programme doit faire l'objet cette année d'une évaluation au niveau communautaire pour d'éventuels ajustements. Il s'agit "de montrer aux parlementaires européens que c'est un dispositif utile, efficace et plébiscité" au moment où commence la réflexion sur les budgets européens pour 2014-2020, explique Philippe Tarrisson, chargé des questions de jumelage au sein de l'Afccre.
"Les actions liées au jumelage stimulent le sentiment européen "
Selon lui, le jumelage doit avant tout encourager la mobilité qui "ne doit pas être réservée qu'aux experts". "Les échanges, notamment de jeunes, constituent une niche opérationnelle qui doit être exploitée à fond par les communes pour faire vivre l'Europe", explique-t-il. Le fonds intra-communautaire a en effet pour objectif la stimulation d'une "citoyenneté active et participative" ainsi que la consolidation d'une identité européenne au niveau local.
Si le programme ne permet pas de financer la contractualisation du jumelage, en revanche, les actions de mise en réseau sont finançables ainsi que l'organisation d'événements ponctuels : échanges, rencontres sportives, musicales, publications d'ouvrages ou conférences sur des sujets d'intérêt commun.
Les subventions allouées sont adaptées au projet : maximum 20.000 euros pour une rencontre de citoyens, minimum 3.500 euros par projet pour la mise en réseau de villes… Des projets pluriannuels peuvent également être financés à hauteur de 150.000 euros pour renforcer les réseaux de villes jumelées déjà établis (au moins 5 villes de 5 pays participants). Contrairement à nombre de programmes européens, celui-ci ne fonctionne pas par appel à projets mais par dépôt d'une demande de subvention en fonction de la date de démarrage du projet : plusieurs périodes sont définies dans l'année.
Des améliorations possibles
L'Afccre se mobilise donc pour que le soutien financier de l'Europe soit pérennisé. Mais elle est également consciente des faiblesses du programme. Philippe Tarrisson relève des difficultés techniques (jargon des demandes de subvention, délai de traitement des demandes trop long, calendrier difficile à respecter…) et des défauts plus qualitatifs. Il plaide notamment en faveur de l'assouplissement des priorités du programme qui auraient souvent tendance à trop formater les projets au détriment d'initiatives intéressantes ne pouvant pas être financées. "C'est un programme un peu directif, confie encore Philippe Tarrisson, qui gagnerait à s'élargir à d'autres thèmes voire d'autres pays." Seules les collectivités des Etats membres sont pour l'instant concernés par les subventions.
En France, les jumelages sont régis par la loi du 6 février 1992 sur l'administration territoriale, au titre de la coopération décentralisée. 4.000 communes sont aujourd'hui jumelées avec 6.000 partenaires européennes (sur un total de 15.000 communes jumelées en Europe).
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