"En toile de fond, une intuition, explique la responsable du pôle économie durable du parc, Céline Hausherr. Nous savions que les petites entreprises et les associations disposant de peu de fonds propres ou formulant des projets innovants avaient du mal à mobiliser des financements bancaires et les subventions ont fortement diminué."
L’idée a fait son chemin : depuis 2016, les habitants du parc naturel régional (PNR) du Pilat (47 communes, 56.000 habitants) peuvent soutenir par des dons ou des prêts, des projets professionnels ou associatifs, ainsi que des entreprises accompagnées par le parc ou l’un de ses partenaires.
Impulsion donnée par un groupe de travail local, "Economie de proximité"
Plusieurs années auparavant, des études, des ateliers menés par le parc durant une opération rurale collective avaient révélé un fort besoin de mieux mobiliser l’épargne locale (voir en fin de texte) et un bureau d’études avait montré qu’il existe un potentiel en termes de financements citoyens.
Fort de ces constats, des habitants et acteurs locaux, déjà organisés, décident de se mobiliser : il s’agit de représentants du parc, de collectivités locales, de clubs d’investisseurs locaux (Cigales), de plateformes d’initiative locale et d’autres acteurs économiques du territoire qui - à l’issue de l’opération rurale collective - avaient constitué un groupe "Economie de proximité" animé par le parc.
Quatre outils de financements participatifs
Le parc du Pilat décide de lancer un appel à partenariat auprès de plateformes de financement participatif. Sept répondent. Deux d’entre elles sont sélectionnées par le groupe "Economie de proximité".
La première plateforme "KisskissBankBank et Co" propose trois outils : le don contre des contreparties (KissKissBankBank), le prêt solidaire (Hellomerci) et le prêt rémunéré (Lendopolis).
Une seconde plateforme "HelloAasso" recueille des dons et apporte de nombreux conseils et services aux associations qui y font appel.
Des conventions signées avec les deux plateformes définissent clairement le rôle des parties prenantes.
Lien étroit entre plateformes, parc et porteurs de projets
Le parc communique et fait connaître les services des plateformes aux porteurs de projets et veille, en s’appuyant sur le groupe "Economie de proximité", à crédibiliser les projets présentés qui doivent répondre à ses valeurs et à la charte du parc. Si le groupe accorde le "mentorat" du parc au projet, alors celui-ci utilise tous ses outils de communication pour aider à mobiliser des fonds et accompagne le porteur de projet tout au long de campagne.
Les plateformes accompagnent les porteurs de projets dans l’élaboration et la communication des campagnes de financement. Chaque campagne demande en effet une grande préparation et de bien soigner la présentation de son projet : vidéo, photo, textes de présentation, contrepartie en fonction des montants versés, liens permanents avec la communauté des donateurs...
En 12 mois : 4 collectes terminées, des dons de 1.500 à 20.000 euros, des projets en cours et à venir !
Le dispositif est lancé officiellement début juillet 2016. En un an, quatre projets ont terminé leur collecte via des dons qui vont de 1.500 à 10.000 euros, mobilisant chacun entre 41 et 220 contributeurs. Le contenu de ces projets : créer une savonnerie écologique à Pélusssin, réaliser une fresque murale, installer une fromagerie, monter une start-up en produits d’allaitement. A titre d’exemple, la savonnerie écologique a collecté 9.220 euros (soit le double de son objectif de départ !) et a mobilisé 220 contributeurs.
Un cinquième projet est en cours de campagne pour collecter 20.000 euros servant à financer la création d’un centre agro-écologique et touristique avec cinq emplois à la clé. D’autres sont prêts à se lancer !
Parmi les clés de la réussite : du temps d’animation
Les porteurs de projets sont accompagnés soit par des chargés de mission des communautés de communes, soit par des partenaires locaux du PNR. Des formations courtes, co-animées par le parc peuvent ainsi être proposées.
"Il a fallu mettre à disposition des ressources pour l’animation du dispositif, explique la responsable de pôle. Le temps passé au sein du parc est estimé à un équivalent mi-temps, réparti entre plusieurs agents." En outre, une personne a pu être recrutée dans le cadre d’un financement Leader (voir encadré) pour la mise en place de la démarche.
Créer une communauté des contributeurs
"Outre l’aspect financier, l’autre grand atout du financement participatif, c’est le lien social et la communication que les campagnes suscitent autour des projets", souligne la responsable. Quid des perspectives ? Trois autres campagnes sont en préparation, et des projets associatifs sont aussi prévus.
"Nous souhaitons nous organiser pour mieux connaître les donateurs des plateformes -provenance, profils...- afin de créer une communauté qui les relie entre eux." Le parc croit en la mise en relation entre des projets pilatois et des donateurs locaux, qui sont à la recherche de sens pour mobiliser leur épargne. Le mentorat du parc ancre encore plus le projet dans le territoire !
Quel financement ?
Le parc a bénéficié d’aide en 2015 et 2016 pour la mise en œuvre de ces outils de financements participatifs.
En 2015, le coût a été de 45.000 euros (étude, temps passé et frais de structure) : 25.000 euros apportés par la région, 17.000 euros de fonds Leader issus de l’Europe, et le reste en autofinancement du parc. En 2016, le coût a été de 60.000 euros, avec une aide de 17.000 euros de la région, 30.000 euros de l’Europe et le reste en fonds propres.
A partir de 2017, il n’y a plus d’aides spécifiques et la démarche continue en s’appuyant sur les moyens actuels.
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