L'association Paris-Ile-de-France Capitale Economique a présenté, le 3 mars, ses propositions pour densifier le logement dans la région capitale et réduire ainsi les temps de trajets et la congestion croissante des transports. Créée à l'initiative de la chambre de commerce et d'industrie de Paris - et présidée par Pierre Simon, le président de cette dernière -, l'association regroupe une centaine de grandes entreprises, mais aussi de grands opérateurs publics comme la RATP, la SNCF ou Aéroports de Paris, ainsi que la Caisse des Dépôts Ile-de-France, la CCI de Versailles, du Val-d'Oise et des Yvelines ou l'établissement public pour l'aménagement de La Défense Seine Arche (Epadesa). Dans le cadre de ses réflexions sur le Grand Paris, l'association a mis sur pied un groupe de travail sur la question du logement, présidé par Pierre Mutz, ancien préfet de la région Ile-de-France et aujourd'hui conseiller du PDG du groupe Eiffage. Celui-ci a présenté jeudi les principales conclusions de cette commission.
Pour un retour en force de l'Etat
L'objectif affiché est d'"arrêter le mouvement bien connu qui pousse les Franciliens à se loger de plus en plus loin des pôles économiques majeurs". Bien que l'association soit constituée d'entreprises, les réponses proposées pour répondre à ce défi sont nettement d'inspiration dirigiste. Elles invitent l'Etat à prendre "des initiatives fortes" pour s'attaquer de front à ce problème, quitte à bousculer les collectivités territoriales, et plus particulièrement les communes. Ainsi, l'une des plus spectaculaires des mesures proposées consisterait, pour lutter contre la pénurie de terrains constructibles, à autoriser l'Etat ou une autorité publique régionale à modifier les documents d'urbanisme communaux lorsqu'ils ne permettent pas d'atteindre les objectifs en matière de logement. Lors de la présentation des conclusions du groupe de travail, Pierre Mutz a pris soin de préciser que cette possibilité devrait être ouverte "même si le maire n'est pas d'accord". Dans le même esprit, les plans locaux d'urbanisme (PLU) des communes devraient être conformes au schéma directeur régional d'Ile-de-France (Sdrif), et non plus seulement compatibles avec ce dernier comme actuellement. Les communes seraient également tenues de fixer des objectifs minimaux d'occupation des sols "en augmentant significativement les capacités de construction". Pour rapprocher les logements des lieux de travail, Pierre Mutz propose de s'appuyer sur l'"agrément bureau", mis en place dès le milieu des années cinquante. Il s'agirait ainsi d'appliquer "aussi systématiquement que possible" ce dispositif, "qui permet d'imposer la construction de deux m2 de logements pour un m2 de bureaux", mais aussi de développer les bureaux aux portes d'entrée des villes.
Le groupe de travail formule également des propositions sur le logement social, en préconisant en particulier "des logements locatifs présentant des niveaux de loyers supérieurs aux loyers pratiqués actuellement, mais inférieurs à ceux du marché privé". Ce nouveau type de logements serait destiné aux ménages qui ne peuvent accéder au marché libre mais dont les revenus excèdent le plafond HLM actuel. Pour préserver la diversité sociale, le groupe de travail préconise en contrepartie d'"abaisser le prix de certains loyers afin d'y loger des ménages trop pauvres pour accéder à l'offre HLM actuelle". Enfin, les bailleurs sociaux devraient être autorisés à gérer des bâtiments "mixtes", associant logements locatifs sociaux et logements à loyer libre.
Jean-Noël Escudié / PCA
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