Les enchères de la 5G sur la bande des 3,5 GHz ont été finalisées jeudi 1er octobre 2020. Pour rappel, il s’agissait pour l’Arcep de partager entre les opérateurs, déjà détenteurs de 50 Mhz, les 110 MHz restants. À l’issue de 17 tours d’enchères, Orange obtient au total 90 MHz, SFR 80 Mhz, Free et Bouygues repartant chacun avec 70Mhz. Cette procédure doit être complétée par des enchères de "positionnement des fréquences" qui aura lieu courant octobre. L’activation des antennes 5G et la commercialisation effective des services n’est pas attendue avant le premier trimestre 2021. D’ores et déjà, l’État a la certitude de récolter 2,8 milliards de recettes budgétaires, un montant inférieur à celui engrangé par la plupart des pays européens. "C'est un chiffre important, mais tout autant que les obligations de déploiements", a commenté Cédric O, le secrétaire d’État en charge des communications électroniques.
La fronde des élus locaux s’élargit
Pour les opérateurs mobiles, le plus dur semble à venir car les déploiements d’antennes – même si dans certains cas il ne s’agira que d’activation – s’annoncent compliqués. La fronde des élus locaux prend en effet de l’ampleur. Le 29 septembre, l’association Ville internet s’est ainsi jointe à la revendication de moratoire signée par 70 maires de grandes villes de gauche et écologistes (voir notre article). S’affirmant soutenue par "une centaine de collectivités" de toutes tailles, l’association estime que "la priorité devrait être de doter chaque foyer français d’une connexion rapide plutôt que de creuser la fracture entre les connectés et les déconnectés". L’association appelle par ailleurs les élus à "prendre la main sur la maîtrise d’œuvre de l’intégration urbaine des objets connectés, de leur signalétique, de leurs usages, des services publics ad hoc et de leur consommation responsable". Sans aller jusqu’à demander un moratoire, la ville de Paris a annoncé de son côté vouloir "objectiver le débat" en organisant une "conférence citoyenne métropolitaine". "Pour la ville de Paris, la question n'est pas d'être pour ou contre la 5G, ni de se prononcer pour ou contre un moratoire, parce que nous n'en avons pas la compétence, insiste-t-il. Paris n'est en aucun cas un territoire rétif à l'innovation" a expliqué aux Echos Paul Simondon, maire-adjoint de la ville de Paris. Cette conférence citoyenne pourrait ainsi être amenée à définir des usages de la 5G et éventuellement des limites, ces règles ayant vocation à être intégrées à la charte municipale parisienne sur la téléphonie mobile. Reste à savoir si les opérateurs la signeront : ils refusent désormais de signer des chartes locales et ne manquent jamais de rappeler que seul l’État est compétent en matière de couverture mobile (voir notre article).
La promesse d’un déploiement maîtrisé
Face à un incendie qui ne cesse de s’étendre, le président de la République et son gouvernement sont montés au créneau ces derniers jours. Après avoir fustigé le "modèle Amish" et ceux qui voulaient revenir à la "lampe à huile", Emmanuel Macron a ainsi tenté d’éteindre la polémique. Dans une réponse aux citoyens de la Convention sur le climat – furieux de voir le traitement infligé à leur demande de moratoire – le président a promis que "la 5G serait déployée en pleine transparence, avec à chaque étape toutes les garanties environnementales et sanitaires". Sur les plateaux de télévision, Cédric O a annoncé pour sa part dans les prochaines semaines un "plan de contrôle spécifique dédié à la 5G". Celui-ci devrait cependant fortement ressembler à ce qui existe déjà ; le secrétaire d’État au Numérique s’étant contenté de rappeler deux dispositifs existants : le dossier d’information des maires (DIM) et la possibilité de demander à l’ANFR des mesures d’exposition aux ondes. Seule avancée possible : une information des élus sur les microcellules, déployées à l’intérieur des bâtiments ou sur du mobilier urbain. Mais celles-ci seront utilisées principalement sur la bande des 26 Ghz, non concernée par les enchères. Cédric O a surtout laissé entendre sur Europe 1 que la 5G à venir n’était pas vraiment une option. Il a en effet expliqué que face à la croissance des usages mobiles, il n’y avait guère que trois options possibles : laisser les réseaux saturer, déployer plus d’antennes 4G ou déployer la 5G, technologie qui consommerait "20 fois moins d’énergie que les antennes 4G".
Il n’est pas certain que ce faux dilemme suffise à calmer les élus.
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