Dans le cadre des travaux du comité d'évaluation du revenu de solidarité active (RSA), la direction de l'animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares) des ministères sociaux publie les conclusions d'une étude éclairante, intitulée "La situation des bénéficiaires du RSA sur le marché du travail fin 2010". Cette enquête apporte de nombreux enseignements.
Certains n'ont rien pour surprendre. Il apparaît ainsi que plus d'un tiers des allocataires (36%) étaient en situation d'emploi à la fin de 2010, ce qui est dans la logique de l'introduction du RSA-activité en juin 2009. Plus surprenant : si seuls 19% des bénéficiaires du RSA-socle (ex-RMI et API) sont en emploi, ce taux est de 72% parmi les bénéficiaires du RSA-activité seul. Il y a donc 28% d'allocataires du RSA-activité qui n'ont pas d'emploi. Un chiffre important, mais qui s'explique par le fait que l'éligibilité au RSA est désormais définie au niveau des foyers et non pas des personnes. Certains bénéficiaires du RSA sans emploi entrent ainsi dans le champ du RSA-activité seul parce que leur conjoint travaille.
Si le taux d'emploi global des allocataires est identique pour les hommes et pour les femmes (37% et 36%), il varie en revanche selon la situation personnelle et selon l'âge, mais dans des proportions moindres qu'en population générale. L'étude de la Dares met également en évidence le caractère souvent précaire des emplois exercés. Ceux-ci sont en effet le plus souvent de courte durée. Près du tiers (32%) des allocataires du RSA en emploi sont ainsi en CDD et 11% en contrat saisonnier ou de travail temporaire, contre respectivement 10% et 2% en population générale. La qualité des emplois est toutefois légèrement meilleure pour les allocataires du RSA-activité, mais encore très loin de celle des emplois de l'ensemble de la population. Autre signe de cette précarité : 53% des bénéficiaires du RSA en situation d'emploi travaillent à temps partiel, contre 17% en population générale. Il s'agit d'un temps partiel subi, puisque 78% des intéressés déclarent souhaiter travailler davantage. Cette situation s'explique pour une bonne part par une surreprésentation des services aux particuliers dans les emplois exercés. Enfin, moins de 10% des allocataires du RSA indiquent effectuer un travail non déclaré (6%) ou des "petits boulots" (4%).
La santé et les transports, principaux freins à l'emploi
Parmi les bénéficiaires du RSA sans emploi, 65% déclarent être à la recherche d'un emploi. Mais 72% d'entre eux indiquent aussi être limités dans leur recherche d'emploi. Les freins les plus fréquemment cités sont l'existence de problèmes de santé (34% des bénéficiaires du RSA sans emploi), suivie par l'absence de moyen de transport (29%), le coût de la correspondance - timbres, téléphone... - (26%), les problèmes de garde d'enfant (15%) et le coût des transports (14%). Parmi les allocataires qui cherchent un emploi, 73% limitent le champ géographique de leur recherche, mais 62% se disent cependant prêts à déménager pour un emploi. Parmi les bénéficiaires du RSA sans emploi, 8% disent en avoir déjà refusé un. Dans 56% des cas, ils indiquent que l'emploi n'était pas adapté à leur profil ou à leur formation, tandis que 43% évoquent un emploi trop éloigné et 14% une rémunération insuffisante.
Enfin, 61% des bénéficiaires du RSA, en emploi ou sans activité, n'ont pas connu de changement de situation sur le marché du travail entre juin 2009 (mise en place du RSA) et février 2011 (soit 21 mois), tandis que 20% n'ont connu qu'une seule transition sur le marché du travail. Durant cette période, les allocataires ont en moyenne passé 7 mois en emploi, 8 mois au chômage et 6 mois en inactivité. Parmi les bénéficiaires du RSA au chômage en février 2011, 77% étaient déjà dans cette situation en juin 2009 et 88% des allocataires inactifs en février 2011 l'étaient déjà en juin 2009.
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFop6Wto2KxtnnQrpirrF2ZsrR5wZ6lnp6ZmLaitdGeqmacpWK%2FtK2MmpqtoaaewaZ5zailrWWglsBusMSmp6WnmQ%3D%3D