À l'heure où l'on parle beaucoup de métiers en tension et de problèmes de recrutement, y compris du côté de la sphère publique locale (voir par exemple notre article du 16 septembre), l'Association des maires de France met en lumière un métier faisant l'objet de difficultés particulières pour plus de 29.000 communes… celui de secrétaire de mairie.
"Le secrétaire de mairie exerce une fonction essentielle à la vie communale. Polyvalent, il exerce une fonction d’appui administratif, technique et juridique auprès du maire et des élus des communes de moins de 2.000 habitants dans tous les domaines d’intervention. Il est également l’intermédiaire entre les élus et les administrés et est souvent leur premier interlocuteur." Telle est la "fiche métier" que l'on peut par exemple lire sur le site d'un centre de gestion.
De nombreux maires de petites communes auraient donc aujourd'hui du mal à trouver ce collaborateur clef et les choses risquent d'empirer avec les nombreux départs en retraite en vue. Les difficultés sont aussi celles que vivent les secrétaires de mairie eux-mêmes : polyvalence extrême, travail isolé, manque de reconnaissance, manque de formation, technicité croissante des dossiers, travail parfois partagé entre plusieurs employeurs… bref, pas de quoi œuvrer à l'attractivité du métier et susciter des vocations.
C'est dans ce contexte que le bureau de l'AMF a validé le 5 octobre un ensemble de 26 propositions. Élaborées par un groupe de travail dédié qui a mené de nombreuses auditions depuis mai dernier, ces propositions ont été transmises à Amélie de Montchalin, la ministre en charge de la fonction publique. Elles entendent témoigner du fait qu'il faut agir sur plusieurs leviers à la fois pour espérer revaloriser cette fonction de secrétaire de mairie.
Premier levier : le statut. Actuellement, on trouve de tout parmi les secrétaires de mairie : du A, du B, du C, des contractuels… S'il n'est pas question de tout homogénéiser, l'AMF propose toutefois la création d'un "statut d'emploi", qui comprendrait "deux grilles indiciaires (C+/B et B+/A)". Et estime qu'il serait bon d'élargir aux communes de 1.000 à 2.000 habitants la possibilité de recourir au recrutement contractuel, notamment lorsqu'elles ne trouvent pas de titulaires.
Plusieurs propositions concernent plus spécialement les secrétaires de mairie multi-employeurs ou "intercommunalisées". L'AMF préconise "un dispositif, type groupement d’employeurs", préférable "à un transfert de compétences vers un EPCI ou à une gestion totalement déléguée aux CDG" (risque de "faire perdre au maire son rôle d’employeur public"). Et souligne qu'il faudrait a minima que les divers employeurs d'un même secrétaire de mairie lui permettent de travailler sur les même logiciels…
Il faudrait aussi que l'agent dispose d'une vraie fiche de poste, que les maires employeurs soient bien sensibilisé à son rôle, qu'il existe un répertoire métier et un vade-mecum… et peut-être, comme on l'entend régulièrement, que l'on imagine une autre appellation que "secrétaire" de mairie ? L'AMF s'y dit favorable et lance quelques pistes : "directeur/trice des services, responsable de l’administration communale, secrétaire général".
Il y a, évidemment, la question de la formation, y compris de la formation initiale, puisque celle-ci n'existe pas aujourd'hui. D'où l'idée de créer un cursus dédié (bac pro, licence professionnelle…). Côté formation continue, l'AMF souhaite notamment "le déploiement de formations territorialisées" et de formations partiellement à distance, la mise en place de journées professionnelles, des boîtes à outils d'information… le tout en commençant par une formation de prise de poste dans les premiers mois.
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