Retrouver les 1.000 emplois perdus après la fermeture du puits Yvon-Morandat. C’était l’enjeu posé, en 2003, par la commune de Gardanne face à la disparition de ce puits minier, le plus grand d’Europe sur son territoire, en rachetant le foncier. Près de 20 ans plus tard, le pari de la reconversion du site et de ses 14 hectares est en passe d’être remporté.
En devenant le premier pôle d'activité de France pour partie industriel pour partie industriel labellisé écoquartier – grâce entre autres à la réutilisation des galeries minières pour assurer une alimentation énergétique par géothermie –, le site dépasse même les attentes. Il accueille aujourd’hui 25 entreprises et 250 salariés. Sa montée en puissance devrait s’accélérer au cours des prochains mois. Car près de 90% des surfaces sont déjà commercialisées auprès d’entreprises industrielles et tertiaires. La construction de trois nouveaux bâtiments de 6.000 m2 au total débutera au printemps 2021. Avec une livraison prévue pour fin 2022, l’ensemble abritera des jeunes pousses innovantes, ainsi que des entreprises de l’économie sociale et solidaire.
Un modèle économique classique
Il s’agit d’un pôle économique structurant pour le territoire. Implanté entre les deux grandes villes de la métropole Aix – Marseille Provence, dans une commune de près de 21.000 habitants, elle fait la preuve d’une reconversion réussie et intégrée à son environnement. Comme le rappelle Nicolas Fortuit, directeur de la société d'économie mixte d'aménagement de Gardanne (Semag), porteuse du projet, « si le montage économique est assez classique - il s’est fait dans le cadre d’un lotissement - il se démarque en termes qualitatifs ». En l’occurrence, pour ses aménagements écologiques, outre le label Écoquartier, le site a reçu le label Quartier durable méditerranéen, niveau Or. De plus, pour ce qui concerne la partie développement économique, il attire des entreprises en pleine croissance, ce qui se traduit par 50% de créations d’emplois nettes.
Les clés du succès
Le projet, porté en grande partie par la ville, a fonctionné grâce à la coopération d’acteurs locaux, notamment des entrepreneurs formés sur place ou originaires de ce territoire. En outre, le développement économique de ce pôle, situé à proximité du centre-ville, ne se fait pas au détriment des commerces locaux. « Au contraire, cela peut même fournir des débouchés pour les petits commerces du cœur de ville, ajoute Hervé Granier, maire de Gardanne. D’autant que nous avons une localisation idéale au cœur de la métropole Aix - Marseille, desservie par une route départementale qui a la capacité d’une autoroute, sans pour autant être engorgée. » À cela s’ajoutent un pôle d’échange multimodal inauguré début 2021 et les autres modalités de transports, également disponibles à proximité (train, bus, covoiturage, vélo).
Autre clé du succès : le choix de la diversité. « Ce n’est pas un site monoactivité où l’on concentrerait des entreprises concurrentes entre elles, juge le directeur de la Semag. Elles sont davantage complémentaires. Nous visons plutôt l’adhésion à des valeurs communes : le respect de la planète, le vivre-ensemble et la qualité des réalisations sur le plan social et environnemental. » Reste un facteur clé qui semble, aux yeux du maire Hervé Granier, le plus important : « Une volonté politique forte et une vision qualitative du projet de territoire qui ne s’est pas démentie, même après le changement de mandature. »
Des contraintes transformées en atouts
Pourtant, les contraintes n’ont pas manqué. Les galeries minières auraient pu décourager une telle transformation. Finalement, les quelque 35 millions de mètres cubes d’eau en sous-sol offrent l’occasion de développer la géothermie. De même, la présence de 4 hectares de pinèdes limite, à court terme, la rentabilité de l’aménagement. Mais, en conservant cette pinède, la Semag mise sur le qualitatif, en offrant un lieu de détente aux usagers du site (dont un parcours santé) ainsi qu’un rafraîchissement naturel du site.
L’exigence d’une telle qualité s’inscrit aussi dans le cahier des charges de cession des terrains. Les preneurs ont notamment l’obligation de respecter des normes environnementales ambitieuses, comme le fait de construire des bâtiments peu énergivores et d’installer des panneaux solaires sur leurs bâtiments. « En construisant les bâtiments de demain, l’objectif est que les propriétaires utilisateurs ne perdent pas de la valeur dans dix ans, voire en gagnent », explique Nicolas Fortuit.
Dernières réalisations
Les entrepreneurs ont donc largement répondu à l’appel, ainsi que les investisseurs (notamment BPI France, Eiffage, Dalkia, Arkéa et Crédit Mutuel). Les activités sont ainsi très variées : du fabricant de data-centers aux métiers de la chaudronnerie, du digital et de la microélectronique, ou encore du commerce équitable et de l’agroalimentaire. Chaque parcelle est pensée sur-mesure.
Le dernier volet de cette reconversion industrielle se mature avec l’opération « Puits de sciences ». Il s’agit d’un pôle muséal de culture scientifique, à l’image de la Villette.
Fin 2021, un appel à projet pour la construction d’un hôtel 3 étoiles et d’un restaurant panoramique sera lancé pour favoriser le tourisme d’affaires.
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